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Le président de la Confédération Européenne des Syndicats (CES), Ignacio Fernández Toxo estime que la journée de grève du 29 mars en Espagne doit être l'occasion de montrer qu'il existe une autre politique de celle de l'austérité.
Le 29 mars les syndicats espagnols ont convoqué une grève générale de 24h pour répudier une réforme du code du travail très régressive et pour défendre lesservices publics fondamentaux. La réforme du code du travail a été approuvée par un décret-loi le 10 février dernier, sans négociation ni consultation des partenaires sociaux. Ce faisant, le gouvernement du Parti Populaire a asséné un sérieux coup non seulement au code du travail espagnol mais aussi a un modèle social souvent donné en exemple.
Quinze jours plus tôt les principales centrales syndicales, les CC.OO et l'UGT avaient souscrit un accord avec l'organisation patronale sur la négociation collective pour faire de l'emploi une priorité et promouvoir "la flexibilité interne négociée". La "Contre-Réforme" du gouvernement viole les termes de ces accords et déséquilibre définitivement le système contractuel en faveur des patrons : elle établit la primauté absolue des accords d'entreprises, individualise les relations du travail et permet aux patrons de modifier unilatéralement les salaires et autres conditions de travail préalablement accordées.
De plus, la réforme simplifie et diminue le coût des licenciements. L'économie de l'Espagne étant entrée en récession, la réforme augmente encore le nombre de travailleurs licenciés qui viennent gonfler le chiffre insupportable des 5 millions 300 000 chômeurs, soit 23% de la population active.
Parallèlement, les exigences des institutions de l'UE en matière de réduction du déficit public obligent l'Espagne à réaliser un ajustement budgétaire de 35 milliards d'euros auxquels il faut rajouter les 15 milliards d'euros d'économies déjà réalisés par le gouvernement Zapatero en 2010. Les nouvelles coupes, qui n'ont pas encore été déterminées, affecteront la qualité et les prestations des services publics, en particulier l'éducation et la santé. Ce qui aggravera la situation source de nombreuses protestations sociales.
Jamais il n'y a eu autant de motifs pour une grève générale. C'est un pas de plus dans un processus de mobilisations syndicales et sociales. Nous enjoignons au gouvernement de l'Espagne de négocier, car il existe encore une certaine marge d'autonomie dans la façon de mettre en place les politiques d'austérité et les politiques structurelles imposées par les institutions européennes depuis le mois de mai 2010. Nous sommes néanmoins conscients d'essuyer les revers d'une mauvaise politique définie par Berlin et appliquée depuis Bruxelles sous l'empire de l'idéologie économique néolibérale conservatrice dominante en Allemagne.
Le pacte pour l'euro-plus, le "six-pack" de la gouvernance économique et le nouveau Traité ou Pacte Fiscal sont, pour le moment, les instruments législatifs de politiques qui sont en train de remettre en question les fondations politiques et sociales européennes. Le plus grave, c'est que ces politiques sont en échec. Leurs objectifs explicites étaient d'atteindre en 2013 des objectifs de déficit public et d'endettement du pacte de stabilité et permettre ainsi aux États d'obtenir des marchés des prêts à des taux d'intérêt raisonnables. Les graves coupes budgétaires, qu'aucune mesure favorisant la croissance et l'emploi n'accompagnent ont provoqué une nouvelle récession. Or, en pleine récession il est impossible d'atteindre les objectifs de déficit.
Par ailleurs, la crise des dettes souveraines s'est élargie et aggravée par rapport à 2010. Le cas de l'Espagne n'en est qu'un exemple : avant mai 2010 la prime de risque de la dette espagnole était de 160 points de base. Aujourd'hui notre gouvernement semble heureux si elle s'en tient au double, car elle a parfois atteint le triple de chiffre. Or, le fait est que, ce qui est le plus à même de redonner confiance, ce sont les perspectives de croissance et un gouvernement fort et cohérent, aujourd'hui inexistant dans l'UE. Les dommages collatéraux de ces politiques - chômage, pauvreté, inégalité, érosion de la cohésion sociale - sont d'une grande ampleur, tout particulièrement dans les pays du Sud et de l'Est de l'Europe. La situation est si grave qu'elle a amené la Confédération Européenne des syndicats (la CES) à déclarer que le pacte social sur lequel se sont édifiés, après la Seconde guerre mondiale, les États de bien-être et l'UE elle-même, est sérieusement en danger.
Comment un tel aveuglement dans la poursuite de politiques aussi injustes que discréditées est-il possible ? Car les syndicalistes européens ne sont pas les seuls à le dire . Le Nobel d'économie, Paul Krugman parle d' "économie de la douleur" pour décrire la doctrine de ceux qu'unit surtout leur féroce anti-keynésianisme. Cet aveuglement est aussi critiqué dans les colonnes de la presse libérale anglo-saxonne et par des personnalités comme Jacques Delors, Helmut Schmidt ou Helmut Khol. Si c'est possible, c'est que certains ont bien un plan pour être plus compétitifs dans l'économie mondialisée : réduire fortement les coûts du travail et les coûts sociaux. Il leur faut donc affaiblir la négociation collective et les syndicats.
C'est un plan qui affecterait davantage les pays du Sud et de l'Est de l'Europe. Et c'est, sans aucun doute pour moi, ce que le président de la BCE, Mario Draghi, a en tête quand il déclare que le modèle social européen est mort. Ne pourrait-on pas se demander comment il se peut que cet homme qui fut vice-président de Goldman Sachs pour l'Europe, à l'époque où cette banque inondait le système financier européen des pires produits toxiques, cause de la crise que nous vivons, en même temps qu'il aidait le gouvernement de la Grèce à falsifier ses comptes publics par des stratagèmes d'ingénierie financière, soit maintenant l'homme qui prétend marquer la voie à suivre pour l'avenir de l'Europe. Cela reviendrait à sedemander comment il est possible que quelqu'un avec un tel casier puisse être nommé gardien de l'orthodoxie monétaire de la zone euro. Bon exemple de la situation politique et morale de l'UE.
Sans le modèle social, dont les principes et les valeurs sont inscrits dans les traités, et avec une démocratie détériorée - comme celle qu'établit le pacte fiscal en matière de décisions budgétaires - l'UE irait à sa perte. Les politiciens européens ne devraient pas l'oublier . Le syndicalisme européen, la CES très consciente de ses responsabilités, répond tant par des mobilisations que par des propositions pour un dialogue social, européen et national et des solutions alternatives pour sortir de la crise : euro-obligations, impôt sur les transactions financières, régulation des marchés, plan d'investissements pour la relance et en vue d'une économie durable, etc.
La CES veut un gouvernement de l'économie, plus riche de mesures fiscales et de politique de croissance - industrielle entre autres - et beaucoup plus démocratique (sous le contrôle du Parlement Européen et ouvert à la participation des partenaires sociaux). Face à la dégradation du pacte historique et institutionnel, elle vient de formuler une proposition de longue portée : un Nouveau Contrat Social. Les forces politiques et sociales, qui considèrent que sans un modèle social avancé et sans un fonctionnement beaucoup plus démocratique l'UE n'a pas d'avenir , devraient s'engager ;
Ignacio Fernández Toxo, président de la Confédération Européenne des Syndicats (CES), secrétaire général de Comisiones Obreras (CC OO, Espagne)
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